Comment réaliser une expo photo avec des NFTs ?

Besancia
NonFungible France
Published in
9 min readFeb 23, 2021

--

Les NFTs se démocratisent et c’est une excellente nouvelle ! Mais les problématiques d’utilisation entre le monde virtuel et réel sont encore nombreuses. Concrètement, comment s’en servir au quotidien ? Dans cette nouvelle série d’article, découvrons plus en détail des cas d’utilisation mélangeant le monde réel et virtuel !

Introduction

En 2020, face aux confinements successifs, le monde a été forcé d’adopter une vie numérique impactant le secteur culturel ne pouvant plus exercer dans le monde réel. Cette limitation a poussé un grand nombre d’artistes à s’intéresser aux NFT et à leur potentiel d’utilisation. Grâce à une communauté très enthousiaste de voir arriver tous ces nouveaux artistes, beaucoup d’entre eux en ont gardé une bonne expérience.

Maintenant que des solutions intermédiaires sont trouvées pour permettre à chacun de circuler plus ou moins librement, la vie culturelle tente de reprendre son cours et de nouvelles initiatives mélangeant le monde virtuel et réel commencent à voir le jour.

La capacité de la blockchain à servir pour le “timestamping” et les NFT pour les certificats d’authenticité ont en effet donné des nouvelles idées aux créateurs. Entre s’adresser de pair à pair aux collectionneurs, faire baisser radicalement les risques de contrefaçon, avoir un meilleur suivi de leurs œuvres ou tout simplement proposer une expérience nouvelle, les avantages fournis par cet univers décentralisé ne manquent pas !

Imaginons qu’un photographe souhaite exposer et vendre 3 photos de 10 tirages chacune. Plusieurs solutions s’offrent à lui, allant d’un environnement 100% virtuel à un moyen de cacher le plus possible l’utilisation de la blockchain.

Scénario 1 : Full blockchain !

Dans ce scénario, tout sera organisé dans un espace numérique et autant que possible, décentralisé. Nous ne parlerons pas ici des places de marché dédiées à l’art car leur processus d’entrée peut parfois être long et très sélectif. Il est tout à fait possible d’organiser son exposition numérique de manière autonome mais cela va nécessiter plusieurs niveaux de préparation, tant pour le photographe que pour le public.

Etape 1 : préparation

Tout d’abord, il faut créer un portefeuille de crypto-monnaies qui permettra d’interagir avec la blockchain Ethereum. Pour ça, il suffit d’installer Metamask (en suivant le tutoriel étape par étape) et de déposer de l’Ether dedans. Cela peut être grâce à un ami qui a accepté d’en échanger contre des euros ou en passant par une plateforme d’échange (comme Coinbase, Binance ou Wyre directement depuis Metamask).

Vient ensuite la question de la mise en vente ainsi que la certification des photos sur la blockchain. Bien que l’envoi des photos sera fait par voie postale, il faut néanmoins que les acheteurs puissent la voir en ligne et vérifier depuis chez eux que l’auteur est bien celui qu’il prétend être.

Etape 2 : création

Pour garantir la plus grande décentralisation et interopérabilité possible, il convient d’utiliser une plateforme de référence comme Opensea. Cette place de marché offre la création de collections ainsi que le “mint” des NFTs gratuitement !

Il en existe bien entendu d’autres comme Rarible ou Mintbase qui possèdent d’autres outils et fonctionnalités mais à l’heure actuelle, le prix des frais de transactions est trop élevé

Une fois la collection (qui représente un smart contract) créée, la création (mint) du nouvel objet demandera de rentrer plusieurs informations :

  • Le contenu (image, vidéo, audio…)
  • Le nom de l’oeuvre
  • Un lien externe (par exemple pour proposer un tirage papier)
  • Une description
  • Le nombre d’édition

Pour trois photos différentes, il y aura donc trois NFTs à créer.

Généralement, la création d’un smart-contract ainsi que le mint de chaque édition coûtent normalement des frais de transactions qui peuvent être assez élevés !

Opensea a mis en place un système pour que seules les métadonnées soient visibles dans un premier temps et ça sera les frais de transactions payés par l’acheteur qui permettront “réellement” l’apparition sur la blockchain du NFT.
Une fois cette transaction effectuée, il ne sera plus possible de changer ou de supprimer la collection !

Une fois ces informations inscrites sur Ethereum, n’importe qui pourra vérifier de manière publique la provenance de la transaction jusqu’à son origine. Cela veut dire que même si le NFT est revendu 100 fois sur le marché secondaire, il sera toujours possible d’identifier son auteur original.

Etape 3 : L’exposition

Maintenant que les NFTs sont accessibles par tout un chacun, il va falloir leur donner plus de visibilité. Dans le cadre d’une exposition virtuelle, il existe aujourd’hui deux projets qui peuvent l’héberger : Decentraland et CryptoVoxels.

Ces deux mondes virtuels partagent en commun l’aspect décentralisé des terrains qu’on y trouve mais possèdent chacun leur identité propre.

Dans l’idéal, si le photographe souhaite avoir sa propre galerie personnalisée, il va falloir qu’il achète au préalable un terrain sous forme de NFT rattaché au projet. Mais comme le marché des LAND sur Decentraland ou CryptoVoxels est devenu assez cher, il existe heureusement des solutions plus abordables comme la possibilité de louer un terrain sur une durée définie.

Pour Decentraland, il sera nécessaire avant de chercher un loueur de construire sa propre galerie grâce à l’outil Builder du projet. Les NFTs apparaissent en bas de la liste des “Asset packs” et peuvent donc être exposés dans l’espace selon les préférences de son créateur.

Pour CryptoVoxels, il est nécessaire de posséder une LAND avant de pouvoir construire dessus. Il faudra donc établir un contrat de confiance au préalable avec un propriétaire de terrain pour qu’il puisse exposer les œuvres voulues dans sa galerie.
Ce metaverse étant très investi et dédié pour les crypto-artistes, des projets comme MoCA sont sensibilisés à la question de l’art et pourront aider au mieux à préparer l’exposition.

Dans les deux cas de figure, il sera possible d’acheter les oeuvres exposées directement depuis un navigateur web. Il ne reste plus qu’à partager le lien à la communauté au moment où l’évènement est lancé pour que l’exposition commence !

Scénario 2 : Blockchain for me, not for them

Dans ce scénario, l’exposition doit avoir lieu dans le monde réel et le public n’a aucune connaissance technique dans les cryptos. Le photographe souhaite réduire à son minimum l’usage de la blockchain pour cette première expérience.

Pour que cette exposition se déroule de manière la plus fluide possible et que n’importe qui puisse y acheter des photos, seule la signature sera inscrite sur la blockchain.

Etape 1 : Sensibilisation

Comme le public sensibilisé au monde artistique a l’habitude de tenter des expériences qui les font sortir de leur zone de confort, il y a de forte chance qu’il se prête volontiers au jeu.

Cependant, certains investisseurs auront tout de même besoin d’être rassuré et l’annonce de l’innovation technique de l’exposition doit contenir plusieurs informations importantes:

  • La signature de l’auteur ne seront pas sur les photos
  • Elle pourra être vérifiée de manière infalsifiable avant l’achat de la photo par n’importe qui

Il existe de nombreuses ressources qui entourent les crypto-monnaies, mais pour être sûr que tout le monde comprenne du premier coup de quoi il s’agit, c’est la blockchain Bitcoin qui sera utilisée.

Il sera important de bien insister sur les problèmes que résout la blockchain à la base (la confiance laissée à un tiers, le contrôle et la transparence des informations dans une base de données) plutôt qu’évoquer une idée d’investissement financier.

Etape 2 : Signer et certifier

Une fois que le public aura conscience qu’il aura la possibilité de vérifier la provenance de la photo, il voudra sans aucun doute essayer !

Cette opération est très simple, il suffit d’aller par exemple sur bitcoin.com pour y trouver un outil gratuit. En quelque clics, n’importe qui peut vérifier la signature d’un message d’une transaction sur cette blockchain grâce à trois éléments :

  • L’adresse publique du portefeuille de l’auteur
  • Le message exact contenu dans la transaction
  • La signature de la transaction

Pour fournir ces informations, le photographe aura le choix entre deux options : faire la procédure lui-même ou passer par un tiers de confiance.

Réaliser l’opération soi-même

il faudra en premier lieu héberger un fichier de la photo sur un système de serveur décentralisé (IFPS). Ensuite, créer un portefeuille Bitcoin dédié et communiquer l’adresse publique au plus grand nombre pour qu’officiellement, tout le monde sache que l’auteur possède bien les clés privées (et donc la possibilité de signer).

Le lien URL pour accéder à la photo sera le message signé lors de la transaction sur la blockchain.

Si la gestion des clés privées d’un portefeuille Bitcoin est quelque chose sur laquelle le photographe ne se sent pas confiant, il peut aussi déléguer cette tâche à quelqu’un d’autre.

Réaliser l’opération par un tiers de confiance

Il existe en effet plusieurs entreprises qui proposent des outils pour réaliser cette opération, nous allons ici en citer deux.

Woleet : startup permettant avant tout de signer des documents officiels dans les entreprises. Fonctionnant sur un système d’abonnement, la première semaine sert de version d’essai pour découvrir les différentes fonctionnalités proposées (Timestamping, signature numérique…).

L’avantage est que l’entreprise gère tout l’aspect technique mais les inconvénients seront à trouver du côté de la possession de ses clés privées et de la limitation à pouvoir vérifier les informations que depuis leur site.

Verisart : Le site est dédié aux créateurs souhaitant signer leurs œuvres sur la blockchain. L’inscription gratuite permet de créer des certificats, les partager via réseau sociaux, imprimer des certificats PDF et les transférer à des nouveaux propriétaires.

Le premier niveau d’abonnement ($10/mois) offre d’autres avantages comme entre autres la personnalisation ou le contrôle de la confidentialité du certificat.

Pour notre scénario, ce sera la solution gratuite de Verisart que nous allons utiliser.

Etape 3 : L’exposition

Maintenant que tout est en place, l’exposition peut commencer ! Si l’expérience ne concerne que l’exposition, la vérification et la distribution des certificats des photos pourra se faire directement sur place grâce à tous les éléments donnés ci-dessus.

Mais avec une vision plus long-terme, il faudra penser à conserver la possibilité de vérification des œuvres pour le marché secondaire. Le meilleur compromis est de mettre le QR code fourni par Verisart à l’arrière des photos pour que n’importe qui puisse savoir qui en est l’auteur simplement en le scannant !

Même si le photographe pourra être sûr que le certificat ait bien été donné lors de la première vente, il ne pourra néanmoins pas garantir l’oubli d’un potentiel revendeur secondaire quelle que soit la méthode utilisée.

Conclusion

Les deux scénarios présentés ci-dessus ne sont bien entendu pas fixés dans le marbre et ont été entièrement imaginés. Il existe encore très peu d’initiatives de ce type dans le monde réel qui ont rendu possible une utilisation concrète de la blockchain lors d’expositions.

Dans les deux scénarios il y a des avantages et des inconvénients, voici une liste que non exhaustive.

Avantages du premier scénario : Public déjà sensibilisé aux cryptos, conservation très longue durée des oeuvres, sécurité, transparence, interopérabilité entre plateforme de la même blockchain.
Inconvénients : Accès pour le public non sensibilisé aux cryptos, prix des LANDS, volatilité des cryptos, erreurs définitives.

Avantages du second scénario : Accès pour le public non sensibilisé aux cryptos, facilité d’utilisation, modification en cas d’erreur.

Inconvénients : Marché secondaire non visible, dépendance (si recours à un tiers pour la signature), centralisation, dégradation

Avec le marché des ventes aux enchères qui se développe de plus en plus, cela a atteint le monde des galeristes qui en ont entendu parler et commencent à s’y intéresser. Par anticipation des possibles futurs confinements, les artistes ne pourront pas continuer de dépendre des avis gouvernementaux pour continuer de vivre de leurs œuvres.

Il reste donc beaucoup d’expériences à mener pour trouver le bon équilibre entre réel et virtuel même si cela dépend au final du sens artistique que l’auteur voudrait donner à son exposition.

Cet article a été inspiré par l’artiste amir5amor (@amir5amor) qui est en train de monter son exposition photo en lien avec les NFTs

Rejoignez la famille NonFungible.com!

  • NonFungible.com centralise toutes les données des jeux blockchains et des tokens non fongibles. Découvrez de nouveaux projets et suivez l’actualité de vos projets préférés.
  • Faites la promotion de votre projet avec nous ! Contactez-nous pour en savoir plus sur les possibilités de partenariat!
  • Souscrivez à notre bulletin d’information hebdomadaire pour les développements récents et les nouvelles non fongibles.
  • Rejoignez notre serveur Discord pour rejoindre notre communauté et échanger avec nous.
  • Twitter pour suivre les dernières actus sur NFTs et le crypto-gaming

--

--