Un bilan 2020 dans les règles de l’art

Face au marché florissant de l’art utilisant les Non-Fungible Tokens pour se développer, nous avons fait un bilan des 4 principales art marketplaces du secteur. Comment ont évolué ces plateformes depuis notre dernière évaluation semestrielle ? Une d’entre elles se demarque-t-elle ? Commence-t-on à observer un positionnement spécifique pour chaque Art marketplace?

Introduction

En ce début d’année où l’heure est aux bilans annuels de 2020, nous sommes en train de finaliser notre rapport annuel concernant tout le marché des NFTs.

Mais le secteur artistique ayant connu une très forte progression sur l’année, nous avons donc voulu faire un zoom sur ce marché un peu spécial où de nombreux records de vente ont été dépassés successivement en quelques mois.

Cet article présentera en premier lieu l’évolution des Marketplace, reviendra sur le phénomène des CryptoPunks et tentera d’établir une tendance sur le marché artistique n’appartenant pas aux deux premières catégories.

Nous avons pris en compte dans ces analyses uniquement les ventes d’œuvres et pas les statistiques globales (les frais annexes à la vente comme les frais de transactions ne sont pas comptés) pour tenter de répondre à la question : comment a évolué le marché artistique depuis notre rapport 2018–19 du marché artistique sur les NFTs ?

Les Marketplaces

Tout d’abord, nous allons regarder du côté des 4 places de marché artistiques : Markersplace, Known Origin, Async Art et SuperRare. Ayant connu un passage sur un smart contracts ERC-1155 au cours de l’année, Blockchain Art Exchange a été exclu des résultats car son volume et les prix de vente risquent d’être faussés. Pour le moment, nonfungible.com ne supporte pas encore le standard ERC-1155.

Les indicateurs choisis sont :

• Le volume en USD
• Le marché primaire et secondaire
• Le nombre d’acheteurs et de vendeurs uniques

Cela permettra d’avoir une vue globale de l’évolution du marché sur les marketplace sans rentrer dans les détails de chaque vente.

Commençons avec le volume total des ventes en dollars, l’évidence qui se dégage est SuperRare, marquant toujours davantage sa dominance avec le reste des marketplaces.

Lorsque nous avons analysé les statistiques globales de ces marketplace l’année dernière, c’était Known Origin qui était en seconde position, aujourd’hui la plateforme se retrouve en dernière position.

En effet, Async Art de son côté a commencé ses ventes à partir de février mais le concept de ses œuvres interactives a très vite trouvé preneur !

Au total, le volume USD des œuvres vendues sur les 4 marketplaces s’élève à $10 384 427.

Un autre aspect à prendre en compte lors de ces ventes est la répartition entre le marché primaire et secondaire. Là aussi, l’année dernière nous avions noté une évolution entre 2018 et 2019 mais pour 2020, la tendance s’est confirmée : SuperRare est en train de perdre sa dominance sur le marché secondaire.

Plusieurs fois dans l’année et sur plusieurs mois, SuperRare n’était plus en tête des ventes sur le volume USD concernant le marché secondaire. Cependant dès novembre, plus rien n’a pu arrêter la croissance du leader.

Au global, le marché primaire vaut $7 510 073 face à un marché secondaire valant $2 874 353.

Jusque là, aucune marketplace ne semblait pouvoir concurrencer SuperRare en termes de volume USD mais la fin de l’été semble avoir amorcé une tendance bénéfique pour Makersplace qui est parvenu à se dégager des deux autres.

Même si Makersplace ne représente que 13% du marché primaire, être parvenu à représenter 33% de tout le marché secondaire est un changement majeur par rapport à l’année dernière ! L’arrivée de Jose Delbo en juillet semble avoir eu un impact important sur la plateforme : dès septembre un “flippening” a eu lieu, augmentant ainsi le volume USD du marché primaire au détriment du marché secondaire.

Même si en termes d’USD la répartition des ventes du marché semble claire, il faut néanmoins croiser cette donnée avec deux autres : le nombre de ventes d’œuvre et le nombre d’acheteurs / vendeurs uniques.

Avec SuperRare qui connait une progression plutôt stable sur l’année tant sur le marché primaire que secondaire, c’est du côté de Makersplace que des événements marquants ont eu lieu pour la plateforme !

Que ça soit Known Origin ou Makersplace, les deux ont subi de plein fouet les frais de transactions ayant impactées tout le réseau Ethereum pendant l’année. La conséquence directe a été un frein pour les artistes qui voyaient sur ces plateformes un moyen abordable de vendre des œuvres à un prix peu élevé.

Cela n’a par contre pas arrêté les ventes sur le marché secondaire malgré un faible volume en USD dégagé au cours de l’année… jusqu’à septembre où Makersplace a pu saluer l’arrivée de collaboration avec des artistes connus sur sa plateforme, donnant une nouvelle vie au volume des ventes du marché primaire !

La stabilité de SuperRare quant à elle s’explique par les moyens dont disposent les artistes et les acheteurs de la plateforme, pour qui les frais de transactions ne sont pas un blocage sérieux à leur transaction.

Au total, il y a eu 27 890 ventes sur les 4 places de marché et même si Aysnc Art propose des oeuvres assez singulières ce qui explique son faible volume de vente, 2020 est une réelle année charnière pour Makersplace qui arrive à tenir tête à SuperRare.

Un dernier indicateur à prendre en compte concerne le nombre d’acheteurs et vendeurs unique. La première remarque concerne les communautés de Makersplace et Known Origin jusqu’à septembre : elles ne semblent pas avoir énormément grossi malgré un volume de vente élevé sur le premier semestre de 2020.

Mais Septembre a amené son lot de nouveaux arrivants et pour 2020, la tendance est marquée par un équilibre entre acheteur et vendeurs, montrant que les anciens collectionneurs ont commencé à vendre leur œuvre malgré l’augmentation du nombre d’acheteurs.

Les CryptoPunks

Avant de rentrer dans le détail des différents artistes, commençons par les CryptoPunks et leur performance sur cette année ! Il est important de préciser que face au volume que représentent les CryptoPunks, le projet a été séparé des différents graphiques.

Avec un total des ventes atteignant $6 286 157, les CryptoPunks ont connu un succès pour le moins foudroyant ! Nous en avions fait un article retraçant leur évolution depuis leur lancement jusqu’à mi-décembre mais c’était sans compter les quinze derniers jours de l’année où l’engouement n’a pas du tout baissé, bien au contraire.

Là où les collectionneurs de punks ont été surpris, c’est sans nul doute à la rentrée scolaire ! D’une part, la possibilité de “wrapper” ses CryptoPunks a permis un bien meilleur échange sur les différentes plateformes d’échange comme Opensea : au total 1526 punks ont été vendus de cette manière générant $2 420 779.

D’autre part et difficile de connaître les raisons des hodlers, mais septembre a été marqué par un événement tout à fait inattendu : 156 punks qui n’avaient jamais été vendus ont été mis sur le marché ce mois-ci, suivi par 83 autres jusqu’à la fin de l’année, donnant une nouvelle vie et surtout un nouvel intérêt au projet.

La dernière surprise, bonne ou mauvaise selon les capacités financières, concerne le prix minimum des CryptoPunks dès septembre. Avec la vague d’achat massive qui est survenue à ce moment-là, il n’était plus possible d’acquérir de Punks d’abord sous 1 ETH, puis 2… et cette augmentation combinée à la flambée de l’Ethereum a placé une barrière financière toujours plus importante pour des petites bourses jusqu’à la fin de l’année.

Sur les 4 384 ventes de punks sur 2020 , 3 471 d’entre eux l’ont été sur les 4 derniers mois de l’année. Ces ventes ont représenté $5 726 146 soit plus de 90% du volume en USD des CryptoPunks pour 2020 !

Avec une vente record pour 2020 à $137 366 au 30 décembre, les #OG du secteur ont marqué les esprits, loin de penser que ce record allait être pulvérisé quelques semaines plus tard…

Mais restons en 2020 où ce marché de créateurs indépendants des grosses marketplaces n’a fait qu’évoluer.

Le marché des “indépendants”

Même si ce sont les 4 grosses marketplaces qui mènent le marché et représentent à elles-seules la majorité des volumes, 2020 fut une forte année de démocratisation pour les projets voulant utiliser les Non-Fungible Tokens pour exprimer leur art digital.

Nous avons donc d’abord analysé les ventes de 190 projets sans distinction entre l’art “génératif” et “non-génératif”.

Parmi la liste se trouve des projets comme Avastars, Cryptomorph, PixelChain ou encore Codex Protocol mais comme nous allons le voir, ce qui donne la plus grande force aux chiffres qui vont suivre est indéniablement tous les smart contracts d’artistes individuels.

Nous avons ensuite séparé l’art génératif et non-génératif pour parvenir à une meilleure représentation des artistes.

Pour pouvoir mettre en valeur un maximum de ces projets, nous avons découpé en trois segments le volume en USD : ceux ayant généré plus de $100,000, ceux ayant généré entre $10,000 et $100,000 et ceux ayant généré entre $5,000 et $10,000.

Parmi les 8 projets et artistes qui sont en tête avec un volume de $2 490 497, deux d’entre eux ne sont plus continués par leurs équipes : Niftymoji et Bitartwork. Bien qu’il soit toujours possible d’échanger des Niftymoji sur les différentes places de marché, ils ne servent désormais plus à moins que de nouveaux développeurs prennent le relai.

Avastars et Autoglyphs sont deux projets qui ont fondé toute leur valeur “on-chain” et ont comme point en commun d’être de l’art généré par une algorithme.
Tandis que le premier a toutes ses métadonnées ainsi que son graphisme sur la blockchain, Autoglyphs quant à lui est le second projet de Larvalabs, moins connu que son grand frère mais ayant tout de même trouvé une communauté de collectionneurs.

Joy, Josie et Trevor Jones sont tous les trois des crypto-artistes déjà bien connus de la communauté, mais cette année c’est le monde réel qui a appris à les connaître : tandis qu’une oeuvre de Josie a été reprise dans un tweet de Barack Obama, Joy s’est fait remarqué par Adobe et Trevor Jones a pu signer plusieurs oeuvres avec Jose Delbo.

Cryptograph est un projet ayant comme artiste des personnalités comme Paris Hilton ou Vitalik Buterin, tout l’argent généré par les œuvres vendues sur cette plateforme sont reversés à des actions caritatives.

Le projet Pixelchain, avec $93 389 généré pour 4 058 ventes, était très proche d’être aux côté d’Avastars et Trevor Jones. Ce projet permet à quiconque de créer une œuvre en pixel art sur un espace de 32x32 (ou plus récemment 64x64) pixel. En laissant une pleine liberté à n’importe qui de pouvoir s’exprimer puis minter un NFT, peut-être qu’une nouvelle tendance se dessine pour 2021 ?

Néanmoins, il ne faut pas oublier les artistes ayant fait parler d’eux tout le long de l’année et sont désormais aujourd’hui incontournables dans l’écosystème : Pascal Boyart, Hackatao, Frenetik Void, Allota Money ou le sulfureux Maxosiris.

L’art génératif est aussi représenté avec des projets comme Colorglyphs, Cryptoskulls ou Cryptomorph mais force est de constater qu’en 2020, ce sont les oeuvres créées par les humains qui sont extrêmement majoritaires sur ce classement.

En tout, ces 26 projets et artistes ont généré $711 774 sur l’année.

A eux seuls, les 34 projets cités précédemment représentent $3 202 271 sur un total de $3 486 350 générés par les ventes d’œuvres des 190 projets et artistes.

Les 21 artistes présents sur le graphique ci-dessus ne sont que la partie immergée de l’iceberg des créatifs flottant sur l’océan des NFTs : ils représentent un volume de $142 412 pour 3 021 œuvres vendues et ne doivent pas faire oublier que 135 autres projets les suivent afin d’atteindre un total de $284 079 pour 6 692 œuvres vendues.

Conclusion

Il existe de nombreux autres indicateurs pour mettre en valeur la santé du marché des NFT liés à l’art. Celui qui était prédominant pendant 2018 et 2019 était aussi l’un des seuls moyens de se faire connaître pour les artistes : les marketplaces.

Mais aujourd’hui SuperRare est réservée à des portefeuilles aisés, Makersplace est devenue plus chère, Known Origin n’a que peu changé ses règles et Async Art ne cherche que des œuvres interactives avec la réalité.

Tous les jours de nouvelles initiatives apparaissent et même si les marketplaces occupent toujours une place dominante dans le secteur, il semblerait que l’élitisme dont elles ont fait preuve à l’entrée n’ait pas répondu à un besoin croissant des utilisateurs : créer pour la beauté de l’art.

Mais cela est finalement deux excellente nouvelles tant pour l’écosystème que les artistes du monde entier :

• Malgré une année marquée par des frais de réseau ayant atteint des sommets de manière répétée, nous avions évalué le volume des dollars échangés en 2019 à $559 403. Pour 2020, il a atteint $20 156 934.
• L’expression “faisons contre mauvaise fortune bon coeur” semble avoir été le crédo de nombreux artistes qui ont vu dans les Non-Fungible Tokens un moyen de survivre aux confinements à répétition

Il reste encore beaucoup de choses à accomplir dans l’écosystème des NFTs afin que ces derniers puissent proposer les mêmes possibilités que le monde réel mais l’adoption massive qui a eu lieu en 2020 nous rend très optimiste sur son évolution et sa croissance à venir.

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